Alice, une mère privée de sa fille pour avoir voulu la protéger
Aujourd'hui, nous allons parler de Alice et de sa fille Y., une adolescente qui a tout juste 19 ans et est atteinte d’autisme atypique -qui n’est pas une pathologie lourde. Depuis qu'elle a porté plainte en essayant de protéger sa fille de mauvais traitements et violences sexuelles, elle ne peut plus la voir et a même perdu l'autorité parentale. retour sur une succession de décisions judiciaires incompréhensibles au regard de l'intérêt de l'enfant.
Alice est séparée du père (qui était violent [1]) et pendant longtemps la justice a laissé Y. vivre chez sa mère, qui s’assurait qu’elle avait une éducation adaptée. Le père de Y. avait des droits de visite et d’hébergement.
Une impossible protection de l'enfant
En 2014, Alice a compris que Y. avait subi des maltraitances physiques. Elle parlait uniquement de violences physiques mais Alice craint des violences sexuelles également car le comportement de Y. a changé brutalement, et plus tard Y. a évoqué des viols. Certaines de ces violences physiques auraient été commises dans l’institut médico éducatif (IME), si bien qu'Alice soupçonnant une maltraitance institutionnelle (car au-delà des violences entre enfants, l’encadrement n’était pas adapté au profil de Y.), a déménagé une veille de Noël.
C’est à la suite de ce déménagement que la justice a décidé en 2017 du placement de Y., alors âgée de 11 ans, dans un IME tout en la plaçant sous la garde se son père et en coupant les liens avec sa mère. Le week-end et les vacances, c’est chez son père que Y. pouvait aller. Cette décision de placement est intervenue suite à une audience pour laquelle Alice n’a jamais reçu la convocation, alors qu’elle avait prévenu la justice et donné sa nouvelle adresse.
De 2017 à 2019, Alice n’a vu sa fille que la moitié des vacances. Au bout de deux ans elle a pu récupérer des droits de visite et d’hébergement, et à cette occasion Y. a pu lui parler des violences commises par son père. Alice a donc décidé de garder sa fille avec elle pendant le confinement du covid en 2020, mais la justice a décidé en référé par une procédure initiée par les services sociaux en octobre 2020 de placer la résidence de l'adolescente chez son père "afin de permettre la réintégration de l'enfant à l'IME", avec des droits de visite et d'hébergement pendant la moitié des vacances pour Alice [2]. La gendarmerie est venue chercher Y. et l'renvoyée à l'IME (non adapté aux jeunes autistes) où Alice explique avoir dû se battre pour pouvoir la voir.
Au bout de 7 mois réunies, à l’automne 2020, la gendarmerie est venue chercher Y. au domicile d’Alice qui ne sait pas ce qu’il est arrivé à sa fille les semaines suivantes. L’adolescente a été renvoyée chez son père alors qu’Alice avait trouvé une école adaptée et prévenu la justice et les services sociaux. Mais le père a refusé de l’y scolariser.
Alice a redemandé le placement de sa fille à son domicile en 2021, mais en janvier 2022 le tribunal de Blois a décidé de lui retirer l'autorité parentale – tout en lui donnant quand-même des droits d’hébergement. Elle avait le droit de voir Y. un jour par mois, puis pendant les vacances d’été. Il est alors reproché à Alice d'avoir "déscolarisé" sa fille, alors qu'il s'agissait de la mettre dans un IME où elle serait en sécurité et avec un encadrement adapté.
Quand la justice envoie les forces de l'ordre chercher Y.
A la fin des vacances en août 2022, Y. qui était chez sa mère ne voulait plus du tout retourner chez son père. Pendant ces vacances, Alice raconte qu’elle regardait une conférence en ligne qui parlait de viol. Y. est sortie de sa chambre et venue la voir, Alice lui a expliqué de quoi il s’agissait, et a fini par lui demander si elle avait eu la même chose. Y. a répondu "ben oui", et par plusieurs personnes apparemment, mais n’a jamais voulu dire par qui. "Pour elle, tout cela a l’air normal", dit Alice. "Je lui ai dit que c’était grave, je pleurais. Elle me disait "c’est pas grave"".
D’autres éléments font craindre des traitements relevant de la torture : "J’ai compris qu’elle avait
été piquée, attachée et endormie", précise Alice.
Alice a porté plainte contre X. Elle a demandé une audition cadrée (audition Mélanie) de sa fille, qui n’a jamais été entendue par la police. Et elle ne remet par Y. à son père.
En novembre 2022, la police est venue en mode intervention chercher Y. et Alice a été placée en garde-à-vue pour soustraction d’enfant. "Depuis novembre 2022, je n’existe plus pour elle", dit Alice, qui a été condamnée à 4 mois de prison avec sursis fin 2023 et à qui la "justice" a été jusqu’à retirer l’autorité parentale. Elle a droit à une heure de visite médiatisée par mois depuis moins d’un an mais le point rencontre refuse de les organiser depuis qu’elle a demandé à être accompagnée lors de ces visites qui relèvent davantage de l’Inquisition que de l’accompagnement des familles.
La plainte pour viols a évidemment été classée sans suite entre temps. Y. n’a pas été examinée par un médecin ou un psychologue, et n’a pas été entendue par la police.
Y. a eu 19 ans et vit sans sa mère avec laquelle elle entretenait des liens forts, qui était son pilier. Elle vit dans des conditions où sa sécurité n’est pas assurée, et elle n’a plus de contacts avec sa mère que par visios, au bon vouloir de son père : il a décidé de les interrompre il y a plus de deux ans.
Dans les jugements de placement, jamais il n’est question des accusations de violences ou de la plainte d’Alice, la seule chose qui entre en compte est le fait qu’elle a enfreint des jugements confiant Y. à la garde de son père et à un IME pendant la semaine.
Pourquoi le tribunal de Blois ne tient-il aucun compte du bien-être de Y., et cherche à l'éloigner de sa mère ? Une fois que l'étau judiciaire a saisi Y., c'est comme s'il ne faisait que se resserrer, pour noyer Y. dans un système de placement et de maltraitance institutionnelle qui ne peut pas lui être bénéfique. La france est encore dans la ligne de mire de l'ONU pour ces raisons.
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[1] Avant que la justice ne parte en vrille dans cette affaire, une expertise du père posait question aux juges, celui-ci ayant tenu des propos incohérents, ne supportait "pas la moindre contradiction", passait son temps à "disqualifier les compétences maternelles", et in fine avait un "comportement particulièrement inquiétant et rigide".
[2] De décembre 2019 à octobre 2021 au moins, c'est le président de conseil départemental qui avait l'autorité pour les soins de santé de Y. et son accueil à l'IME.